7 décembre 2008
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Je profite de la fête de l'Immaculée Conception pour publier une étude du R.P. Guérard des Lauriers parue dans La Pensée catholique en 1974.
Si je choisis cette date, ce n'est pas par amour du paradoxe, mais au contraire parce qu'il y a une unité très profonde entre la Corédemption et l'Immaculée Conception, un lien vital entre ces deux mystères.
Le péché originel a été un refus de la condition de créature, un refus de reconnaître le souverain domaine du Créateur sur toutes choses, un refus d'adoration et de sacrifice.
Adam et Ève, en se révoltant contre Dieu notre Père, se sont séparés de lui : ils ont perdu tous les dons de l'ordre surnaturel, et ils ont profondément blessé l'ordre naturel, notamment en ceci : l'homme qui par nature doit offrir à Dieu un sacrifice (car la sacrifice est la forme la plus haute et la plus nécessaire de l'adoration chez une créature « animal raisonnable », faite pour vivre en société et constituée reine de la création), l'homme donc n'est plus capable de le faire de façon intègre et achevée, parce que Dieu n'est plus « tenu » d'agréer le sacrifice qui provient d'une créture séparée, révoltée.
Jésus-Christ vient restaurer avec une magnificence toute divine ce qui était perdu par le péché, et vient racheter l'humanité déchue : il accomplit cela en offrant le Sacrifice parfait, celui de la Croix, et il procède ainsi pour restaurer en tout premier lieu ce qui a été détruit par le péché originel, et qui a placé l'humanité tout entière dans une double rupture :
– les hommes ont une fin surnaturelle, et ils sont devenus incapables de l'atteindre puisqu'ils ont perdu la grâce ;
– les hommes doivent offrir à Dieu un sacrifice, et ils sont devenus incapables de le faire de façon agréable à Dieu.
À ce sacrifice parfait, Jésus-Christ associe d'une façon toute spéciale sa Mère qui, au pied de la Croix, offre Jésus s'offrant et possède plusieurs titres pour le faire :
– elle est la mère de Dieu selon la nature humaine, et c'est ainsi que s'offre Jésus qui lui appartient d'une certaine manière ;
– elle est incluse dans le décret divin qui, tout uniment, décide la création des hommes, la permission du péché, l'Incarnation rédemptrice.
Offrant réellement un sacrifice infiniment agréable à Dieu, Marie est par le fait même totalement et préventivement exempte du péché originel dont la rupture de l'ordre sacrificiel était la blessure la plus profonde.
En prévision des mérites de Jésus-Christ avec lequel elle ne fait qu'un, elle est rachetée d'une manière infiniment admirable, non seulement parce qu'elle ne contracte pas le péché d'Adam et est créée dans la grâce divine, mais aussi parce qu'elle est corédemptrice : elle n'est pas seulement exempte de la morsure au talon, elle écrase la tête du serpent ; elle n'est pas seulement l'Immaculée conçue, elle est l'Immaculée Conception.
Place à cette merveilleuse (et ardue) étude du Père Guérard des Lauriers : Marie est co-Rédemptrice.