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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 23:44

 

 

Ce n’est pas pour disserter de la justice ou de l’injustice, du scandale ou de la délivrance, de la prudence ou de la trahison que je m’intéresse ici au renvoi de mgr Williamson, exclu de la fraternité Saint-Pie-X. C’est pour vous faire part d’une simple constatation : tant dans la brève lettre de renvoi écrite par mgr Fellay que dans la longue réplique de mgr Williamson, ne paraissent sérieusement ni le droit de l’Église ni la doctrine catholique.

Il ne pouvait en être autrement.

Comment mentionner le droit lorsqu’on débat de l’appartenance ou du renvoi dans une société qui n’a plus de statut canonique depuis 1976 (date de la non-reconduction de l’existence ad experimentum) ?

Comment alléguer le droit entre deux évêques qui sont à parité hors du droit (et même en contradiction avec la Constitution divine de l’Église catholique) de par leur épiscopat sans mandat apostolique ?

Comment l’un peut-il reprocher à l’autre de procéder à des confirmations « sauvages », alors que ni l’un ni l’autre n’a le pouvoir régulier de confirmer ?

Comment invoquer le droit, quand cela signifierait introduire un recours (ou s’y opposer) devant des autorités qu’on nargue de concert ?

Comment surtout recourir au droit, quand on ne sait pas quel est le droit ?

Car ces deux messeigneurs seraient bien en peine de vous dire si le droit qui norme en réalité la vie de la sainte Église catholique est le droit canon de 1917 (ce serait dénier à Jean-Paul II et à son successeur le pouvoir de légiférer : soit on mutile profondément le pouvoir pontifical, soit on dit que le Siège apostolique est vacant…) ou s’il est le droit canon de 1983 (ce serait accepter Vatican II et toutes ses erreurs, coulés en forme juridique).

Dans cette situation, rien ne peut être tiré au clair, aucune discussion ne peut aboutir, tout est bâti sur le sable. Du coup, la dispute n’est qu’une querelle de politique ecclésiastique, de tactique de combat ou d’évitement, de naïveté ou de finesse devant l’adversaire commun, d’égos peut-être.

Il en va de même pour la doctrine. Il y a bien un arrière-fond doctrinal, un désir (sincère, je n’en doute pas) de fidélité à l’enseignement traditionnel, et aussi le spectre de Lamennais et du libéralisme qu’on brandit : mais cela demeure plus du domaine de la volonté que de l’intelligence doctrinale. Il y a quelque chose d’irréel, de trompeur et d’incantatoire dans ce refus affiché du libéralisme, car Lamennais avait sur certains points de la doctrine catholique – la soumission au souverain Pontife par exemple – des idées et des pratiques auxquelles ressemblent fort les positions communes des deux messeigneurs.

On peut éprouver des sympathies ou des préférences, on peut craindre des conséquences dramatiques et désirer les prévenir : mais on ne peut contester que cette querelle et cet affrontement se déroulent à l’intérieur d’un univers clos, d’où le droit et la doctrine sont structurellement absents.

Prions pour eux tous, la charité nous le commande. Mais fuyons : ce n’est pas notre univers, ce n’est pas notre combat. La foi n’a rien à y gagner, le témoignage pour Jésus-Christ a tout à y perdre. N’ayons ni d’autre univers, ni d’autre combat, ni d’autre droit ni d’autre doctrine que ceux de la sainte Église catholique romaine aimée et servie. Fasse Notre-Dame.

 

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